Entre le béton et le pisé, quel est le matériau qui dure dans le temps ?
Nous avons acquis un réflexe culturel de penser au béton comme un matériau qui dure dans le temps. On pense au contraire à la terre comme un matériau fragile qui ne peut pas durer très longtemps. Mais en fait, la réalité est exactement l’inverse.
La terre crue est utilisée comme matériau de construction depuis de millénaires. Une construction en pisé bien conçue peut traverser les siècles. On en trouve en Chine, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord… et en France. Certaines dépassent les mille ans de vie.
Le béton de ciment moderne est, à l’inverse, un matériau récent qui n’a pas fait ses preuves. Une construction en béton armé est conçue pour durer 50 à 100 ans. Nous n’avons pas encore beaucoup de retour sur leur longévité réelle. Et ce que nous avons n’est pas probant.
La revue Qualité Construction de l’AQC vient de consacrer un dossier très intéressant au vieillissement et aux désordres très nombreux des constructions en béton des Trente Glorieuses, donc qui ont entre 50 et 75 ans.
Les problématiques de désordres et de vieillissement dans le béton sont complexes : sa fragilité à l’eau dans le temps, son instabilité chimique intrinsèque, les problèmes liés aux armatures…
Les problèmes sont tellement lourds et le béton tellement peu réparable qu’on préfère souvent démolir et reconstruire. Réutiliser est cher et demande une grande technicité. Le béton est en fait un produit à obsolescence programmée, il participe de la culture du jetable.
Au contraire, le pisé non adjuvanté (sans ciment ou chaux) est naturellement pérenne. Et s’il y a un problème, le pisé est très facile à réparer. Il participe pleinement de la culture du réemploi et de la durabilité.
Le béton est un matériau extraordinaire qui a tout a fait sa place. Mais le fait de durer longtemps ne fait pas partie de ses points forts.
Entre le pisé et le béton, le matériau qui dure vraiment dans le temps n’est pas celui qu’on croit.
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