FAQ
Cette page contient la réponse aux questions les plus fréquentes. Pour des informations plus approfondies, se référer aux articles de notre blog
Est-ce que le pisé peut être porteur ?
Bien sûr. Le pisé existe depuis des siècles et il y a de très nombreux bâtiments en pisé porteur en France qui apportent la preuve de la durabilité dans le temps de la construction structurelle en pisé.
Dans le cadre réglementaire actuel, on utilise le pisé de manière structurelle pour des bâtiments bas (jusqu’à R+1 voire R+2). On peut aussi construire des façades autoporteuses, c’est à dire qui se portent elles-mêmes mais ne portent pas les planchers.
Bien entendu, l’intérêt du pisé n’est pas qu’en structure porteuse. Il y a de nombreuses autres applications, notamment en conjugaison avec une structure bois pour apporter de l’inertie au bâtiment.
D'où vient votre terre ?
Notre terre vient de la région lyonnaise, où on trouve une terre naturellement adaptée au pisé.
Notre site de production originel est proche de ces gisements, de manière à pouvoir produire en circuit court.
Avec l’extension de notre production à d’autres sites en France nous produirons à chaque fois avec de la terre locale.
Vous transportez à chaque fois au départ de votre site à Saint-Priest, malgré l'impact carbone ?
Nous sommes très attachés à la production locale, en circuit court.
En même temps, nous pensons que l’industrialisation est indispensable pour parvenir à une utilisation de masse des matériaux naturellement bas-carbone dans la construction.
Notre vision est de fabriquer des produits de construction en terre crue avec un maillage territorial permettant l’équilibre entre les gains apportés par une production en petite industrie et le caractère local des fournitures.
Aujourd’hui nous sommes dans une logique de reconstruction d’une filière terre crue qui a été volontairement démantelée. Notre filière doit recréer tout une chaine d’approvisionnement, de la matière première au client. Cela implique qu’il y aura des phases où nos opérations ne seront pas optimales – par exemple ou nous devrons transporter nos produits sur des distances plus grandes que nous le souhaiterions. Dans une vision stratégique de la transition écologique, cela nous semble un petit prix à payer pour la mise en place de filières bas-carbone pour les produits de bâtiment.
Que contient votre pisé ? Ajoutez-vous du ciment ou de la chaux pour le stabiliser ?
Notre pisé contient un seul ingrédient : de la terre.
Nous pensons que les bénéfices de la non-adjonction de ciment ou de chaux sont plus grands que les limitations qu’elle engendre. Le bénéfices sont que le matériau reste très bas carbone et réutilisable en fin de vie comme de la terre. Les limitations – la sensibilité à l’eau et une résistance à la compression moindre que le béton – sont des choses qui nous semblent parfaitement gérables dans une conception intelligente des constructions.
Il nous arrive cependant d’ajouter de la chaux, à la demande ponctuelle de nos clients, pour des pièces très spécifiques qui peuvent être plus exposées à l’eau
Au passage, nous n’utilisons pas le mot « stabiliser » pour l’adjonction de ciment ou de chaux à la terre crue. La terre crue est parfaitement stable car elle n’a justement pas la composition chimique du béton qui s’altère dans le temps. La terre crue n’a donc pas besoin d’être stabilisée – c’est plutôt le béton qui en aurait besoin. 🙂
Du coup, est-ce que votre pisé résiste à l'eau ?
Oui, bien sûr. Il faut juste respecter des règles de base de conception et de mise en oeuvre.
Le principe de base le plus important en construction en terre crue est « chapeau et bottes ». C’est à dire qu’il faut bien protéger le haut et le bas des ouvrages. Dans ces conditions, les bâtiments en pisé tiennent sans problème de nombreuses décennies et même des siècles.
Le Guide de Bonnes Pratiques du pisé donne des consignes pour les protections contre les remontées capillaires, les soubassements et la protection des sommets de murs et arases. Nous conseillons un soubassement d’au minimum 20cm (idéalement 30cm) et un débord de toiture. Il faut aussi veiller aux surfaces horizontales des façades en mettant en place des bavettes. En revanche, l’exposition occasionnelle d’une façade ou d’un mur en pisé aux eaux de pluie ne pose aucun souci.
Est-ce qu'il faut isoler le pisé?
Oui. La terre crue est un matériau plutôt conducteur. Dans le cadre normatif en vigueur en France métropolitaine il est difficile d’envisager de construire un mur d’enveloppe extérieur en pisé sans isolant.
L’isolation peut être par l’intérieur ou par l’extérieur. Dans tous les cas, il faut utiliser un isolant perspirant, de préférence un matériau biosourcé (bois/cellulose, paille, chanvre ou autre fibre), afin de ne pas faire obstacle au passage de vapeur d’eau dans la paroi.
La terre crue a un grand intérêt dans la thermique pour son inertie. Cette inertie ne freine pas l’arrivée du chaud ou du froid, mais elle retient la chaleur ou la fraîcheur pour estomper l’effet des variations de température, ce qui diminue le coût de chauffage et de climatisation et contribue grandement au confort. Cet effet d’inertie est particulièrement précieux en confort d’été.
Les blocs Terrio contribuent également au déphasage, qui correspond à la durée nécessaire pour qu’une calorie (chaude ou froide) traverse la paroi. Un déphasage important permet à la chaleur de pénétrer dans un local la nuit, lorsqu’on peut en avoir besoin, et vice versa pour la fraîcheur le jour.
Avez-vous un ATEX ou un avis technique?
Non. Nos produits sont mis en oeuvre sous le régime des avis de chantiers.
Bien utiliser le cadre des avis de chantier nécessite un dialogue de qualité avec le Contrôleur technique très en amont. Plusieurs grandes sociétés de Contrôle Technique disposent d’un référent national pour les matériaux biosourcés et géosourcés. Le soutien de ses référents nationaux permet de fluidifier les processus et d’éviter bien des écueils.
La technique du pisé, qui fait l’objet d’un Guide de Bonnes Pratiques, est assuré par les assurances de maîtrise d’oeuvre et d’entreprises de construction. Elle est également couvert par les assurances dommages-ouvrages, parfois moyennant une petite surprime selon les circonstances.
Plutôt que de réaliser des ATEX qui ne couvrent que des cas spécifiques de mise en oeuvre, nous investissons dans la réalisation d’essais qui aident à la caractérisation performantielle du pisé. Ainsi nous avons réalisé des essais sur la sismicité, l’acoustique, la tenue au feu, parfois en partenariat avec le Projet National Terre ou le CSTB. Ainsi nous souhaitons contribuer à l’avancement de la filière terre crue pour une meilleure connaissance et une meilleure acceptation du matériau dans une grande variété de mises en oeuvre.
Pourquoi le pisé est-il si cher ?
Nous ne sommes en fait pas d’accord qu’il est si cher.
On compare souvent les prix sans tenir compte des bénéfices. La terre apporte des bénéfices d’inertie, de régulation hygrométrique, de confort et d’esthétique que n’apportent pas les produits auxquels on le compare. Les gens qui vivent dans des constructions en pisé le savent, et ne le troqueraient pas pour des constructions en béton et parpaings.
La terre crue est un matériau extrêmement durable et résiliant. Il ne se corrode pas, et ne subit pas de dégradations chimiques à long terme comme le béton avec son alcalinité très forte. La terre crue peut au contraire facilement être reprise, réparée et amendée dans le temps. Ceci a une grande valeur économique en comparaison à des matériaux qui s’abîment vite et qu’on est obligé de jeter.
OK, mais ça reste de la terre, donc pourquoi c'est plus cher que le beton ?
La raison principale que la terre crue semble chère par rapport au béton est que l’industrie du béton ne supporte pas le coût des ses externalités.
L’industrie du béton est autorisée à engendrer des dommages environnementaux sans en supporter le prix – que ce soit dans les opérations d’extraction de sable, d’agrégat et de calcaire, dans les émissions carbone et autres impacts environnementaux du processus de production du ciment et de préparation du béton et dans le stockage en fin de vie des quantités énormes de béton posées.
Donc le coût bas du béton est un bel exemple de ce que les économistes appellent un phénomène de passager clandestin : en achetant des produits béton à bas coût on profite de bénéfices dont nous ne payons pas le prix.
Au fur et à mesure que nous intégrerons mieux les impacts environnementaux dans les coûts du béton, on se rendra compte qu’en réalité le béton est socialement beaucoup plus couteux que ne le reflète son prix.
A l’inverse, la terre crue est un matériau issu d’un déchet, qui demande très peu d’énergie à mettre en oeuvre, qui n’a pas de processus chimique émetteur de carbone et qu’on n’a pas besoin de stocker en fin de vie car en le concassant il redevient de la terre. Les produits de construction en terre crue ont très peu d’externalités, et on paie donc à peu près la totalité du coût. Il n’y a pas de phénomène de passager clandestin.
Tous ces éléments peuvent faire que vous vous sentiez bien par rapport à votre éthique en utilisant de la terre crue, mais dans les règles actuelles de notre économie cela ne se traduit pas encore en euros.
Est-ce que le pisé est suffisamment solide par rapport à l’effraction et aux dégradations volontaires ? La maintenance est-elle difficile ?
La maintenance est au contraire facile.
Un mur en pisé peut être rayé, comme peut l’être le bois, le bardage métallique, un mur en béton brut ou même un enduit. Heureusement, il est beaucoup plus facilement réparable.
En cas de dégradation, une réparation se fait avec de la terre – ni plus ni moins. On effectue une réparation simplement en mettant la terre à la bonne teneur en eau sur l’emplacement endommagé et la compactant. Nous proposons des formations à ce sujet pour les personnes en charge de la maintenance.
Cette réparabilité facile rend le pisé résilient aux dégradations. Un mur en pisé qui a fait l’objet d’un graffiti se répare de manière simple et complètement naturelle, sans utilisation de produits chimiques.
Pour ce qui concerne l’effraction, un mur en pisé est très solide – bien plus qu’une paroi en bois, en bardage, en parpaing ou en brique monomur.
A titre de comparaison : Pour entamer un mur sur la surface d’une feuille A4 et une profondeur de 10cm, il faut compter une demi heure de travail à la pioche.